Bilan Boursier 2024 : le CAC 40 à la traîne, une année marquée par le luxe et les turbulences politiques
BOURSE ET ENTREPRISES
1/3/20254 min temps de lecture
Bilan Boursier 2024 :
le CAC 40 à la traîne, une année marquée par le luxe
et les turbulences politiques
L'année 2024 restera gravée dans les annales de la Bourse de Paris comme une période de forte déception. Après un excellent début d'année, culminant avec un record historique le 15 mai à 8 239,99 points, le CAC 40 a amorcé une chute significative, clôturant l'année sur une baisse de 2,15 % à 7 380,74 points. Seule la prise en compte des dividendes réinvestis permet d'atteindre un maigre équilibre avec une hausse de 0,92 %. Un contraste saisissant avec les performances des autres grandes places boursières : le S&P 500 américain a bondi de 23,31 %, le Stoxx 600 européen de 5,98 %, et le DAX allemand, porté par la vigueur de SAP, a enregistré une progression impressionnante de 18,85 %.
Double peine pour le CAC 40 : composition sectorielle et incertitudes nationales
Cette sous-performance du CAC 40 s'explique par une double conjoncture, selon Lilia Peytavin, stratégiste chez Goldman Sachs. Premièrement, la composition sectorielle de l'indice parisien, fortement pondérée par le luxe et l'énergie (28 % de la capitalisation), a été un facteur aggravant. Ces deux secteurs, tout comme l'automobile, ont subi les révisions les plus importantes à la baisse de leurs prévisions de bénéfices en Europe.
Deuxièmement, des facteurs spécifiquement français, tels que l'incertitude politique et les craintes d'une augmentation de l'impôt sur les sociétés, ont pesé lourdement sur la confiance des investisseurs. La dissolution de l'Assemblée nationale, sur fond de crise politique et de déficit public croissant, a accentué la chute du marché parisien.
Le luxe en berne, Hermès fait cavalier seul
Après avoir été un moteur de la croissance du CAC 40, le secteur du luxe, fortement exposé au marché chinois, a subi un net repli dès le printemps, coïncidant avec la confirmation d'un ralentissement de la consommation en Chine. LVMH, fleuron de la Bourse de Paris, a perdu 13,37 %, L'Oréal a chuté de 24,14 %, et Kering, dont la marque Gucci a vu ses ventes s'effondrer, a enregistré la troisième plus forte baisse de l'indice avec une chute de 40,29 %. Seul Hermès a tiré son épingle du jeu avec une progression de 21,01 %, grâce à son positionnement sur le segment de l'ultra-luxe, dont la clientèle est moins sensible aux fluctuations économiques. TotalEnergies, quant à lui, a baissé de 13,36 % en raison de la normalisation des prix du pétrole et du gaz.
Facteurs aggravants : hausse des taux et aversion envers la France
La forte augmentation de la prime de risque sur le marché obligataire a également pénalisé les valeurs sensibles à la hausse des spreads, notamment les valeurs bancaires et les groupes exposés au marché intérieur, précise Emmanuel Cau, analyste chez Barclays. BNP Paribas a ainsi cédé 5,38 % sur l'année. L'écart de taux avec l'Allemagne a atteint des niveaux inédits depuis la crise de la zone euro en 2012, dépassant les 80 points de base. Les entreprises moins exportatrices, notamment dans les secteurs des télécoms et de la consommation courante, ont souffert d'un moral des consommateurs en berne.
Cette conjoncture a engendré une aversion générale des investisseurs internationaux à l'égard du marché français, exacerbée par les craintes liées à une possible hausse de l'imposition des grands groupes, évoquée dans le projet de budget de Michel Barnier. L'abandon de ce projet a d'ailleurs provoqué un regain d'optimisme sur le marché.
Perspectives 2025 : un rebond possible, mais des incertitudes persistent
Malgré cette année difficile, un rebond est envisageable en 2025. Guillaume Laconi, gérant chez Edmond de Rothschild AM, n'exclut pas un bon début d'année pour les actions européennes, avec des investisseurs cherchant à se positionner sur les valeurs ayant fortement baissé. De plus, un contexte de forte négativité pourrait amplifier l'impact positif de nouvelles moins mauvaises, que ce soit sur le plan politique en France et en Allemagne, ou concernant les potentielles taxes douanières de Trump.
Le luxe, un atout face à la guerre commerciale ?
Face aux menaces de guerre commerciale, le secteur du luxe, malgré ses difficultés en 2024, pourrait constituer un atout pour le CAC 40. Son fort pouvoir de fixation des prix lui confère une plus grande capacité d'adaptation que les entreprises de consommation courante ou les constructeurs automobiles, selon Emmanuel Cau. De plus, les fluctuations des taux de change ont déjà en partie absorbé l'impact potentiel de telles mesures.
Une attente prudente et une surveillance des facteurs clés
L'évolution du CAC 40 en 2025 dépendra en grande partie de la dynamique de la consommation aux États-Unis et en Chine, ainsi que de la politique monétaire de la Fed face aux pressions inflationnistes. Du côté de Goldman Sachs, la prudence reste de mise, notamment en raison des perspectives encore incertaines pour les géants du luxe. L'analyse des valorisations des entreprises du luxe, comparativement aux prévisions de croissance, ne signale pas encore une opportunité d'investissement évidente. Il semble donc prématuré de se repositionner massivement sur ce secteur tant que les révisions des bénéfices par action restent orientées à la baisse. Les investisseurs devront donc rester vigilants et surveiller attentivement les indicateurs économiques et politiques clés pour adapter leurs stratégies.
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