Collectionneurs : la startup qui démocratise l'investissement dans les supercars de collection

MÉTAUX ET ALTERNATIFS

5/5/20254 min temps de lecture

Collectionneurs : la startup qui démocratise l'investissement dans les supercars de collection
Collectionneurs : la startup qui démocratise l'investissement dans les supercars de collection

Il y a encore peu, l’idée même de détenir une Ferrari F40 ou une Maserati MC12 semblait réservée à une élite restreinte, à mi-chemin entre les collectionneurs fortunés et les amateurs d’automobile aux poches profondes. Aujourd’hui, cette barrière semble vaciller sous l’impulsion d’une initiative française aussi audacieuse qu’innovante : Collectionneurs, une fintech installée à Bourg-en-Bresse, qui propose au grand public d’investir dans les voitures les plus rares du monde, dès 250 euros.

Un projet qui vient de franchir une étape décisive avec l’obtention de l’agrément de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), une première en Europe dans le domaine de l’automobile de collection. Derrière cette initiative, un nom : Sacha Gallo Parouty, ingénieur de formation, entrepreneur dans l’âme, et héritier d’une passion familiale qui remonte à plusieurs générations.

Une vision familiale et un ancrage local fort

Impossible de comprendre Collectionneurs sans évoquer le Coligny Car Museum, ouvert en mai 2024 par Pierre-Laurent Gallo, père du fondateur. Ce musée privé situé à la frontière entre l’Ain et le Jura abrite sur 1 500 m² une cinquantaine de modèles d’exception confiés par des collectionneurs. Il sert de vitrine autant que de centre opérationnel pour la société. Les voitures dans lesquelles les investisseurs achètent des parts sont entreposées, entretenues et parfois même exposées sur place, permettant aux détenteurs de parts de « voir » physiquement leur investissement.

Cette articulation entre le musée et la plateforme numérique constitue l’un des piliers du projet : un ancrage dans le réel, à l’opposé de nombreux actifs financiers abstraits. Pour Sacha Gallo Parouty, « au-delà de l’investissement, on veut faire vivre la passion ». Et cette passion ne se vit pas uniquement derrière un écran : certains investisseurs pourront même monter en passager dans les véhicules lors de séances de roulage, selon le montant de leur participation.

Un modèle d’investissement inédit et régulé

Concrètement, Collectionneurs propose d’investir dans des véhicules iconiques comme on achèterait une action. La première offre concerne une Ferrari F40, un modèle mythique coté autour de deux millions d’euros. Chaque part est proposée à partir de 250 euros : pour 800 euros, vous possédez 0,04 % du véhicule. Une fois la somme nécessaire levée, la voiture est acquise, conservée, assurée et entretenue par la société. L’investisseur peut ensuite soit revendre ses parts à tout moment sur la plateforme entre particuliers, soit attendre la revente globale du véhicule, envisagée entre cinq et sept ans.

Sur le plan juridique, il s’agit d’un montage en nue-propriété : les investisseurs détiennent des droits indivis sur le véhicule (la quote-part de la propriété), tandis que la société en conserve l’usufruit, c’est-à-dire le droit d’usage et de gestion. Ce schéma permet d’assurer une centralisation de l’entretien, de la conservation et de la valorisation du bien, tout en sécurisant juridiquement les droits des investisseurs. Un montage validé par l’AMF après un an et demi de procédure, preuve de la rigueur du cadre mis en place.

Une rentabilité qui suit le marché des supercars

Si le marché automobile grand public connaît des cycles marqués, celui des supercars de collection évolue sur une autre trajectoire. On parle ici d’une niche de 30 000 véhicules d’exception dans le monde, répartis sur à peine 85 modèles : Ferrari Enzo, Porsche Carrera GT, Bugatti EB110, Lamborghini Miura ou encore McLaren F1. Des véhicules produits en quantité ultra-limitée, devenus au fil du temps de véritables œuvres d’art roulantes.

Leur valorisation dépend de plusieurs facteurs : rareté, état, provenance, historique, mais aussi tendance du marché. Selon le site Classic.com, les ventes aux enchères de ces véhicules ont atteint un volume cumulé de 40 milliards d’euros. La rentabilité attendue sur les modèles proposés par Collectionneurs est estimée entre 10 % et 15 % par an, selon les performances historiques. Des chiffres prometteurs, mais qui restent indicatifs et sans garantie, comme pour tout actif risqué.

Un marché en pleine structuration

La démarche de Collectionneurs s’inscrit dans une tendance plus large : la "financiarisation" d’actifs non traditionnels. Art, montres, vins rares, baskets de collection… Les plateformes d’investissement fractionné se multiplient. Ce que Collectionneurs propose, c’est d’appliquer cette logique à un secteur encore peu exploité en Europe : celui des supercars de collection, historiquement réservé aux cercles privés.

Avec un objectif clair : constituer un portefeuille de dix véhicules par an d’ici 2027, pour une valorisation cible de 60 millions d’euros. Chaque voiture sélectionnée doit répondre à un double critère : potentiel de valorisation et intérêt émotionnel. Car dans ce domaine, la passion reste un moteur essentiel de la valeur.

Entre technologie, régulation et émotion

En tant que fintech, Collectionneurs repose sur une interface numérique fluide et accessible. Tout se passe sur la plateforme www.collectionneurs.co : consultation des fiches des véhicules, achat de parts, suivi de la valorisation, revente entre particuliers… Un fonctionnement qui rappelle celui des néo-courtiers ou des plateformes de crowdfunding immobilier.

Mais à la différence des actifs immatériels, ici, le véhicule existe, roule, se touche, se visite. Et c’est précisément cette hybridation entre le monde du tangible et la technologie numérique qui pourrait séduire une nouvelle génération d’investisseurs : amateurs de belles mécaniques mais exclus du marché par les prix prohibitifs, ou épargnants en quête de diversification originale et statutaire.