Les secteurs épargnés par la tempête Trump : où investir sans trop de turbulences ?

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4/6/20254 min temps de lecture

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Les récentes mesures protectionnistes annoncées par le président américain Donald Trump ont bouleversé les marchés financiers et affecté de nombreux secteurs économiques à l’échelle mondiale. Les indices boursiers vacillent, les investisseurs cherchent des repères, et la volatilité domine les écrans des traders. Pourtant, au milieu de cette tempête, certaines industries et entreprises semblent mieux résister. Certaines même rebondissent. Cet article fait le point sur les segments qui encaissent le choc, les valeurs qui conservent ou gagnent en attractivité, et les pistes d’investissement envisageables dans un contexte de tensions commerciales durables.

Industrie pharmaceutique : une exemption stratégique

Première respiration dans un climat oppressant : l’industrie pharmaceutique a été pour l’heure épargnée par les nouveaux droits de douane. Les États-Unis, tout en affirmant leur volonté de protéger leur industrie locale, ont préféré exclure temporairement les médicaments et produits médicaux du champ d’application des surtaxes. Officiellement pour « raisons humanitaires », officieusement pour éviter un emballement inflationniste sur un secteur jugé essentiel et sensible.

Cette exemption offre une forme de stabilité à court terme à des mastodontes comme Pfizer, Johnson & Johnson ou Merck. En Europe, Sanofi, Novo Nordisk ou encore Roche, dont une partie des ventes se fait outre-Atlantique, bénéficient également de cette trêve douanière. Côté marchés, les valeurs de la santé à Paris – notamment dans le compartiment du CAC Next 20 – ont fait preuve de résilience, progressant modestement ou limitant les pertes alors que les autres secteurs décrochaient. L’actualité la plus récente confirme cette tendance, avec un regain d'intérêt pour les valeurs dites « défensives ».

Tech américaine, spiritueux, valeurs domestiques : entre sélectivité et consolidation

Le secteur technologique, bien que globalisé, est loin d’être homogène dans sa réaction. Si certaines entreprises fortement dépendantes des chaînes d’approvisionnement asiatiques (comme Apple ou Nvidia) souffrent en Bourse, d’autres tirent leur épingle du jeu grâce à une production plus internalisée ou une moindre exposition à l’export. Microsoft, Oracle ou IBM figurent parmi les sociétés qui affichent une meilleure tenue ces derniers jours, en partie parce qu’une grande partie de leurs revenus est générée par des services numériques à forte valeur ajoutée, peu sensibles aux barrières tarifaires classiques.

Les valeurs domestiques, orientées sur le marché intérieur américain, gagnent également en attractivité. Des groupes comme Hormel Foods (agroalimentaire), NextEra Energy (utilities vertes) ou encore Comcast (télécoms et médias) sont observés avec intérêt par les gérants. Peu dépendants de l’importation, ils pourraient constituer des refuges solides dans une guerre commerciale prolongée.

Plus étonnant : le secteur des spiritueux, apparemment épargné des surtaxes pour des raisons de lobbying et de balance commerciale (les États-Unis exportent aussi énormément de whisky et de bourbon). Pernod Ricard ou Diageo n’ont pas souffert comme d'autres valeurs du luxe. Même chose pour certains segments du prêt-à-porter, en particulier le haut de gamme américain vendu localement, comme les marques Ralph Lauren ou Lululemon.

Les valeurs liées à la santé au sens large – équipements médicaux, diagnostics, biotechs spécialisées – résistent bien. En France, Eurofins Scientific, Sartorius Stedim ou bioMérieux ont vu leurs cours légèrement progresser cette semaine, soutenus par leur profil défensif.

Or, obligations, bitcoin : les valeurs refuges se multiplient

L’onde de choc a bien sûr réactivé les réflexes classiques de fuite vers la sécurité. L’or a touché un nouveau sommet historique à 3 167 dollars l’once. Dans ce sillage, les grands noms du secteur aurifère, comme Newmont, Barrick Gold ou Agnico Eagle, ont enregistré des performances solides ces derniers jours. Les ETF adossés aux métaux précieux sont en forte collecte, les volumes d’échanges explosent.

Même dynamique sur le marché obligataire : la dette souveraine américaine s’apprécie, tirant les taux à 10 ans vers les 4 %. Cela renforce encore l’attrait des obligations d'État dans un portefeuille en quête de stabilité.

Côté cryptomonnaies, la réaction a d’abord été brutale : à la suite de l’annonce du 2 avril, le bitcoin a plongé comme tout le monde. Les investisseurs craignent un durcissement de la réglementation à venir sur les actifs numériques et l’impact indirect d’une récession globale. Toutefois, plusieurs analystes considèrent cette baisse comme technique et temporaire. Le bitcoin et certaines cryptos majeures comme l’ether pourraient redevenir attractives en tant que valeur alternative, à condition que la volatilité reste maîtrisée.

Des pistes à creuser pour les mois à venir

Si le choc tarifaire est loin d’avoir produit tous ses effets, certains choix tactiques peuvent être envisagés dans un portefeuille. Les actions à dominante domestique, faiblement exposées aux échanges internationaux, devraient mieux résister. C’est le cas de certaines utilities, d’opérateurs télécoms régionaux ou de groupes agroalimentaires comme General Mills ou Hormel Foods, peu dépendants de l’import.

Les entreprises liées à la transition énergétique aux États-Unis, portées par les aides fédérales mais peu affectées par la guerre commerciale (comme NextEra Energy ou Enphase), conservent un potentiel haussier, à condition que le contexte ne s’aggrave pas trop.

Les grandes banques américaines ont en revanche vu leurs cours chuter, en raison de craintes de récession. Goldman Sachs, JPMorgan ou Bank of America sont à surveiller, mais avec prudence tant que le risque systémique n’est pas écarté.

Quant aux cryptomonnaies, malgré leur récente volatilité, elles pourraient bénéficier d’un regain d’intérêt si l’instabilité monétaire s’aggravait ou si les politiques monétaires traditionnelles venaient à perdre en efficacité.

À noter enfin que certains investisseurs institutionnels se positionnent sur des valeurs décotées, dans l’idée que le choc est transitoire. Mais l’absence de visibilité sur la stratégie commerciale de Donald Trump appelle à la prudence. Pour le moment, les gagnants de cette guerre commerciale sont ceux qui, par structure ou par chance, ont échappé à la ligne de mire douanière. Reste à voir combien de temps ils resteront intouchés.