Treesition : quand l’investissement prend racine dans la forêt

MÉTAUX ET ALTERNATIFS

6/2/20252 min temps de lecture

shallow focus photography of tall trees under blue sky at daytime
shallow focus photography of tall trees under blue sky at daytime

Et si l’arbre devenait un actif d’avenir ? À Orléans, une start-up transforme cette intuition en modèle économique. Treesition, fondée en 2022, parie sur la rentabilité de la biomasse pour offrir un placement financier à mi-chemin entre rendement et responsabilité. Mais l’entreprise, encore sous surveillance réglementaire, marche sur un fil entre promesse verte et prudence institutionnelle.

Une logique d’actif forestier structuré

Le cœur du dispositif repose sur une espèce peu connue du grand public : le paulownia. Rapide à pousser, particulièrement efficace dans la captation du CO₂, ce bois venu d’Asie est exploité comme une matière première à valoriser dans une logique patrimoniale. Treesition propose aux investisseurs – particuliers comme entreprises – d’acheter des plants cultivés sur des terres agricoles, avec un horizon de coupe autour de 10 ans. À la revente du bois, l’épargnant perçoit une rémunération estimée à 10 % par an en moyenne.

Ce fonctionnement s’inscrit dans une dynamique plus large de revalorisation des actifs tangibles alternatifs, dans un contexte où l’inflation et la volatilité des marchés financiers poussent certains investisseurs à diversifier hors des classes d’actifs classiques.

Une commercialisation encore en attente en France

Le modèle, innovant mais non conventionnel, entre dans la catégorie réglementaire des “biens divers”, et à ce titre nécessite une autorisation préalable de l’AMF pour être distribué légalement en France. Treesition attend son enregistrement depuis fin 2023. Selon son fondateur, Daniel Dos Santos, le dossier serait à son ultime phase d’examen.

Le passage devant le collège de l’AMF est décisif : en cas de feu vert, Treesition pourra officiellement proposer ses offres au public français. Mais l’autorité reste ferme : elle ne commente pas les cas individuels et rappelle que ces investissements demeurent à haut risque. La jeune pousse a néanmoins mandaté un expert forestier indépendant pour défendre sa solidité opérationnelle et ses mécanismes de réduction des risques.

Déploiement européen et ambition sectorielle

En attendant le feu vert français, Treesition a déjà ouvert ses offres en Belgique et en Suisse, où elle revendique 2.000 clients, dont 10 % d’entreprises. Le modèle séduit par son double levier : financier et environnemental.

Labellisée B Corp en 2025, l’entreprise affirme son positionnement ESG, un atout de plus pour attirer les family offices et les gestionnaires de patrimoine en quête d’impact.

Parallèlement, Treesition annonce de nouvelles pistes de diversification : production de bois énergie sur des cycles courts (moins de 5 ans) et investissements agricoles dans des cultures comme la vigne ou l’avocatier, ce dernier étant promis à un développement en Europe dans un contexte de relocalisation alimentaire.

Une levée de fonds pour accélérer

Afin de financer sa croissance, la start-up souhaite lever 1 million d’euros d’ici fin 2025. Une opération structurante pour consolider son modèle, accélérer sa R&D agronomique et étoffer son maillage foncier.

Treesition s’inscrit ainsi dans une mouvance émergente : celle des produits verts alternatifs, encore peu régulés, mais déjà porteurs d’un nouveau récit financier. Reste à savoir si ce récit résistera à l’épreuve du temps… et du régulateur.